Hypnose est un mot qui vient du grec hupnos, qui désigne le sommeil.
Les médicaments qui favorisent le sommeil sont des hypnotiques.
Cette dénomination est en fait particulièrement mal venue, car l’hypnose n’est absolument pas une forme de sommeil. C’est, tout au contraire, un état modifié de la conscience.
Hypnose et médecine : un peu d’histoire, de Messmer à Erickson
L’hypnose est de plus en plus utilisée en médecine, en particulier pour diminuer la douleur aiguë, ou aider à la prise en charge de la douleur chronique.
La première utilisation de l’hypnose remonte à la fin du XVIIIème siècle : on parlait alors, avec Messmer, de « magnétisme animal ».
La deuxième vague se situe à la fin du XIXème siècle, à l’époque de Charcot, célèbre neurologue de la Pitié Salpêtrière, qui l’utilisait pour soigner l’hystérie. Freud, à la suite de Charcot, l’a utilisée quelque temps, avant de découvrir la psychanalyse, dont on connaît le fabuleux destin.
Puis l’hypnose est tombée, si l’on peut dire, « en sommeil », jusqu’à ce que l’Américain Milton Erickson ne la réveille. C’est son école qui est à l’origine de l’engouement actuel pour l’hypnose médicale dite éricksonienne.
Conscience critique, conscience virtuelle et transe spontanée
Le principe de l’utilisation de l’hypnose est le suivant : la conscience globale comporte deux états entre lesquels nous oscillons en permanence, de manière tout à fait physiologique : d’une part la conscience critique, celle que nous utilisons pour analyser les situations, et effectuer des opérations cérébrales comme la lecture ou l’écriture ; cette conscience est donc celle de la rationalité ; d’autre part la conscience virtuelle, qui entre en jeu lorsque nous sommes « dans la lune », ou, à l’inverse, dans un état de concentration extrême. Cette conscience virtuelle passe par les mêmes canaux que la créativité ou les émotions.
Lorsque notre conscience virtuelle prend le pas sur notre conscience critique, nous sommes dans un état appelé transe, tout à fait physiologique. Chacun a pu faire l’expérience de prendre sa voiture pour aller de la maison au travail, et de n’avoir aucun souvenir du trajet : c’est un parfait exemple de transe spontanée.
Transe provoquée : hypnothérapie comme médecine complémentaire
L’art de l’hypnothérapeute consiste à provoquer à volonté cet état de transe, à condition bien sûr que le patient soit coopérant et motivé. La transe provoquée va permettre, par exemple, de se passer d’anesthésie générale pour une intervention chirurgicale qui la réclame habituellement, comme la chirurgie thyroïdienne ou du sein.
L’hypnose est actuellement considérée comme une des nombreuses formes de médecines complémentaires ; l’Académie Nationale de Médecine, dans son rapport du 5 mars 2013, lui reconnaît, ainsi qu’à d’autres formes de médecines complémentaires, un intérêt certain, ce qui est encourageant de la part d’une institution aussi conservatrice. Il faut dire que de nombreuses études scientifiques, notamment menées à l’aide de l’IRM fonctionnelle, ont confirmé l’efficacité clinique de l’hypnose.
Auto-hypnose
Certaines techniques permettent même de s’hypnotiser soi-même ; on parle alors d’auto hypnose. Cela peut être particulièrement intéressant dans le traitement de certaines douleurs chroniques.
Communication thérapeutique
Dans une situation de stress, comme la perspective d’un soin douloureux, c’est la conscience virtuelle qui prend le dessus. Or cette conscience est conçue pour aller à l’essentiel, et n’intègre ni les constructions grammaticales compliquées ni les négations. Par exemple, si on vous dit une phrase du genre de celle-ci : n’ayez pas peur, cela ne vous fera pas mal, votre conscience virtuelle, activée par l’appréhension, n’entendra que deux mots : peur et mal, ce qui est l’inverse de l’effet recherché. Il est donc recommandé, dans la mesure du possible, d’éviter les phrases négatives et les mots à connotation péjorative, ce qui n’est pas toujours évident. C’est une des bases de ce que l'on appelle la communication thérapeutique.
C’est par ailleurs ce qui est enseigné aux standardistes et aux secrétaires, qui vous diront plutôt gardez la ligne que ne coupez pas !
Hypnose directive et hypnose suggestive
De nombreuses idées fausses circulent sur l’hypnose, en particulier du fait que l’on confond souvent l’hypnose suggestive, utilisée en médecine, et l’hypnose directive, utilisée par les hypnotiseurs de music-hall.
En fait, dans l’hypnose suggestive, tout le monde est susceptible d’entrer en transe provoquée, à condition d’être motivé et confiant. L’hypnose-spectacle, quant à elle, ne marche que chez des sujets particulièrement suggestibles, avec lesquels les expériences sont parfois stupéfiantes. Mais il est impossible, même dans ces cas, de faire faire au sujet qui se prête à l’expérience des choses qu’il refuserait catégoriquement de faire sans hypnose, comme de se dévêtir complètement sur scène.
Article publié le 3 février 2014